Se donner une intention de lecture
Se donner une intention de lecture consiste à avoir un but et à savoir pourquoi on lit un texte. Plusieurs raisons sont possibles (Bertrand et Azrour, 2004) : le désir de s’informer, d’avoir accès à des connaissances particulières, de connaître la pensée des autres afin d’enrichir la sienne, pour se divertir, etc. Portez attention aux commentaires de votre professeur au moment où il présente une lecture, un travail de session ou une tâche à effectuer. Les précisions peuvent souvent servir à établir votre intention de lecture pour un texte en particulier.
Dans un premier temps, il est nécessaire de réfléchir à la nature et à l’ampleur de la tâche à réaliser : à quelle fin servira la lecture d’un tel texte? À présenter un exposé oral? À rédiger un résumé d’un paragraphe? Un exposé requiert la recherche d’information détaillée, alors que la rédaction d’un court paragraphe exige une approche synthétique. Établir une intention de lecture vous permettra de tenir compte de la quantité de données requises pour atteindre votre but ainsi que le type de texte que vous avez besoin de consulter.
Votre intention de lecture doit être flexible, car celle-ci peut changer en cours de route.
Les avantages
Établir une intention de lecture favorise une lecture active et stratégique. Elle permet aussi de savoir sur quoi porter votre attention lors de la lecture et de déterminer une façon de lire selon ses besoins (lecture en diagonale, active, etc.). Se donner une intention de lecture influencera beaucoup la façon dont vous irez chercher l’information et ce que vous retirerez de vos lectures. Par exemple, vous ne serez pas aussi attentif si vous lisez pour vous divertir que si vous devez lire un texte en vue de renforcir un écrit à teneur argumentative. Votre intention de lecture vous permettra également de choisir le type de lecture approprié (lecture traditionnelle, sélective, diagonale, active ou analytique), selon la nature de la tâche à réaliser.
En ayant une intention de lecture claire et flexible, vous éviterez de revenir plusieurs fois sur les mêmes informations.
Questions à vous poser :
Pour quelle(s) raison(s) dois-je lire ce texte?
Est-ce pour :
- prendre connaissance rapidement du contenu du texte?
- en faire un résumé?
- pour vous préparer à assister à un cours?
- pour connaître les principaux thèmes du texte, etc.?
- pour comprendre de manière approfondie un texte?
- pour extraire la structure d’un texte?
- pour réaliser un travail de session?
- pour préparer un examen?
Quelle(s) tâche(s) aurais-je à accomplir à la suite de cette lecture?
Quelles notions sont abordées dans le cours en question ces jours-ci? Se pourrait-il qu’il y ait un lien entre le texte et ce que je suis en train d’apprendre? Quel est-il?
De quels renseignements ai-je besoin pour accomplir la tâche demandée?
Pour amorcer votre démarche
- Si vous cherchez de la documentation, faites une lecture sélective des ouvrages que vous repérez.
- Si le texte semble pertinent, faites-en une lecture en diagonale.
- Si le livre ou le texte vous intéresse, faites-en une lecture de base (ou traditionnelle).
- Faites-en ensuite une lecture active.
- Si le texte est important pour un travail écrit, faites des fiches de lecture.
- Si une section est essentielle à votre travail ou à votre recherche, faites-en une lecture analytique (par exemple, en annotant le texte).
Les types de lecture suivants sont à privilégier selon les résultats que vous attendez de vos lectures :
La lecture traditionnelle : c’est un type de lecture passif et linéaire, appliqué à un roman ou un poème. Il s’agit d’une lecture de loisir, donc peu pertinente pour étudier des chapitres complexes de manuels scolaires et peu efficiente, car elle n’aide pas à analyser la structure d’un texte, à mettre à profit les connaissances et les habiletés du lecteur ni à mettre en mémoire les informations nouvelles.
La lecture indicative (ou sélective) : s’applique à n’importe quel texte. Elle est de nature sélective et synthétique, permet d’avoir un premier contact avec le texte afin d’identifier l’auteur, de saisir l’idée générale et les grandes lignes du contenu. Elle comprend cinq objectifs.
- Connaître la nature du texte;
- Identifier l’auteur, le sujet et le message central;
- Faire une première évaluation du texte;
- Identifier les éléments essentiels pouvant aider à atteindre son intention de lecture;
- Sélectionner des écrits en lien avec les objectifs fixés.
Lorsque vous ne faites pas de lecture indicative, vous vous condamnez à lire des ouvrages peu ou pas pertinents.
La lecture en diagonale : lecture sélective et synthétique, « qui consiste à survoler rapidement toutes les lignes du texte et à en écrémer le contenu pour y déceler les thèmes principaux, les passages importants, les concepts-clés et les mots de liaison […] » (Bertrand et Azrour, 2004, p. 481). Ce type de lecture complète la lecture indicative, sans toutefois amener une compréhension approfondie du texte. La lecture en diagonale poursuit deux objectifs.
- L’identification du type de texte (argumentatif, narratif, informatif);
- La sélection rapide et efficiente des passages importants sur lesquels l’emphase est mise lors de la lecture active.
La lecture en diagonale ne permet pas de saisir un texte en entier. Parfois, elle peut entraîner de fausses perceptions. C’est une étape qui fait partie d’un processus général, une opération cruciale qui permet de préparer la lecture. Elle permet de trouver l’information sans trop tenir compte des détails. La lecture en diagonale est facile si le texte est bien structuré.
La lecture active : ce type de lecture analytique consiste à décortiquer de manière active un texte en lui consacrant le temps nécessaire. La lecture active tient compte du cadre fourni par la lecture indicative et se base sur des passages présélectionnés par la lecture en diagonale. Elle comprend deux objectifs :
- Prendre connaissance du message du texte et de ses idées;
- Identifier ce qui peut être retenu et transféré dans la mémoire à long terme.
La lecture approfondie, c’est l’aboutissement de tout le processus de lecture.
La lecture analytique : Ce type de lecture va un peu plus loin que la lecture active, car elle permet d’extraire le plan d’un texte argumentatif, qui est en quelque sorte conçu comme une pyramide d’idées.
Faire appel à ses connaissances antérieures
Le rappel des connaissances antérieures est un moyen efficace qui permet de classer et de coder une information nouvelle. En vue de rendre les apprentissages plus significatifs, cette méthode peut s’appliquer au début d’un cours, d’un travail ou d’une lecture, en « rappelant » à sa mémoire ce que l’on connaît déjà sur le sujet en question. Cet exercice ne requiert que quelques minutes et doit être réalisé avant chaque lecture, chaque cours ou avant d’entamer un nouveau travail.
Cet appel aux connaissances existantes permet au lecteur de greffer la nouvelle information à celle qu’il possède en vue de mieux l’enregistrer dans sa mémoire. En associant cette information à ce qu’il connaît, des apprentissages durables se construiront.
À titre d’exemple, vous êtes inscrit à un cours de psychologie du développement à la présente session. Au quatrième cours, le thème porte sur « l’enfant et le jeu ». Vous vous demandez « qu’est-ce que je connais sur ce sujet? » et pensez alors aux différents types de jeu (éducatif, social, de compétition, solitaire, etc.) et à ses fonctions (se détendre, socialiser, apprendre). Dans cet exemple, les connaissances que possède l’étudiant serviront à comprendre la nouvelle matière qui sera abordée pendant le cours.
Les avantages
Le rappel de ses connaissances antérieures améliore l’interaction entre le lecteur et le texte, ce qui contribue à une meilleure compréhension par le lecteur, car il est en mesure de faire des prédictions et des déductions. Ainsi, cette stratégie permet de greffer la nouvelle information à celle déjà existante et de mieux l’enregistrer dans votre mémoire.
Questions à vous poser :
Avant de commencer à lire, je dois me « rappeler » ce que je connais au sujet du texte :
- Quelles sont mes connaissances sur le sujet?
Pour amorcer votre démarche
En parcourant le texte à lire, en regardant les titres, les sous-titres et les figures (s’il y a lieu) :
- Identifiez le thème ou le contenu;
- Réfléchissez à ce que vous connaissez déjà sur le sujet (vos expériences passées, images, concepts, etc.);
- reprenez cet exercice dans les jours qui suivent, deux autres fois, en tentant de le faire mieux et un peu plus rapidement;
Reprendre cet exercice une fois par jour, durant les trois prochaines semaines, dans l’objectif de bien le faire et d’accélérer votre rythme, lorsque c’est possible. Appliquez cette stratégie pour l’ensemble de vos lectures. Par exemple, lorsque vous arrivez en classe, commencez un nouveau travail ou une lecture, identifiez les thèmes abordés et demandez-vous : qu’est-ce que je sais déjà sur le sujet en question?
Se donner un aperçu du texte
Une lecture de survol est une stratégie simple qui passe en revue la matière à étudier. Elle permet de se faire rapidement une idée du texte, de son niveau de difficulté, de sa richesse et de sa complexité (Ruph, 2010). Elle permet aussi de relever d’autres caractéristiques, telles que sa longueur et son organisation.
On peut aussi avoir un aperçu plus pointu d’un ouvrage ou d’un texte par la lecture sélective (ou indicative). C’est une étape importante du travail de documentation pour établir un premier contact avec un ouvrage et de voir notamment si celui-ci est pertinent à son besoin ou à son intention (Bertrand et Azrour, 2004). C’est souvent en portant une attention au titre et aux sous-titres qu’une personne va décider de lire un texte ou non.
Les avantages
En se donnant un aperçu du texte avant la lecture, cela permet :
- de repérer rapidement les textes pertinents à son intention;
- d’ajuster son intention de lecture, si nécessaire (par exemple, si on s’aperçoit que la complexité d’un texte s’avère plus importante qu’on ne le croyait, une période de temps plus importante sera accordée pour lire le texte);
- d’activer les connaissances antérieures et de faire des prédictions. Cette action est efficace pour des textes difficiles, car elle facilite la compréhension.
Questions à vous poser :
- Quel est le type de structure du texte (argumentatif, informatif, narratif, etc.)?
- Est-ce que je peux identifier les idées principales dans le texte?
- Quels mots retrouve-t-on dans le texte (des mots connus ou inconnus)?
- Les mots-clés sont-ils identifiés?
- De quelle façon les phrases sont-elles agencées?
- De quelle manière les paragraphes sont-ils organisés?
- Y’a-t-il des illustrations ou des tableaux?
La structure renseigne le lecteur sur le type de texte :
- Argumentatif : qui comprend des arguments, une thèse, une réfutation, une contre-réfutation et une conclusion;
- Narratif: un conte qui comprend une situation initiale, un élément déclencheur et une situation finale;
- Informatif : une préface, un chapitre d’un livre, un extrait d’un article, un résumé d’une conférence, une conclusion d’un ouvrage, etc.
Pour amorcer votre démarche
À propos des textes : En examinant les titres et les sous-titres, il s’agit de voir sa longueur, la façon dont celui-ci est organisé, son niveau de difficulté, sa richesse, etc.
Concernant les ouvrages : La lecture de survol peut s’appliquer en toutes circonstances (bibliothèque, librairie, entre deux cours…) et est pertinente vu la quantité importante d’informations. Elle peut prendre entre 10 et 15 minutes afin d’avoir une vue d’ensemble de l’ouvrage, c.-à-d. du sujet et des thèmes.
Si on veut mettre en pratique la lecture sélective ou indicative, il faut prendre connaissance des éléments suivants :
- Page couverture: auteur, titre et maison d’édition.
- Présentation de l’ouvrage (endos) ou le résumé de l’article.
- Date d’édition (la première et les autres, s’il y a lieu) et la langue originale de l’ouvrage. Information disponible sur la première page intérieure du livre.
- Table des matières: soit à l’avant (méthode américaine) ou à la fin du livre (méthode française). Prêter attention aux titres et sous-titres, pour voir la matière abordée).
- Index : voir les mots ayant un grand nombre d’occurrences (mots-clés de l’ouvrage).
Voir aussi la bibliographie. - Introduction et conclusion du livre et des chapitres.
- Voir aussi les figures et les tableaux.
Faire des prédictions
Les prédictions sur le contenu ou sur la structure du texte favorisent une meilleure compréhension chez le lecteur; celles-ci lui permettent aussi d’établir une intention de lecture et de la valider. Ces processus sont utilisés par les bons lecteurs (Bertrand et Azrour, 2004).
« Les prédictions sont des hypothèses sur ce qui arrivera ensuite dans le texte » (Giasson, 1990, p. 138). Ces hypothèses excluent celles concernant les mots et concernent surtout les idées au niveau du texte plutôt que dans la phrase. Les titres et les sous-titres sont des sources de prédictions sur le contenu d’un texte (Giasson, 1990). Il n’est pas important que les hypothèses soient bonnes ou exactes, car elles ont pour but de vous aider à anticiper le contenu du texte. C’est en cours de lecture que la justesse de ces prédictions sera vérifiée.
Il existe deux types de prédictions; celles portant sur le contenu et celles liées à la structure du texte :
- Contenu : par exemple, pour un texte qui porte sur l’histoire de la colonisation au Québec, le lecteur peut s’attendre à lire des extraits abordant les Amérindiens. Cette prédiction s’appuie sur les connaissances du lecteur sur le sujet, qui proviennent des expériences personnelles, de lectures, etc.
- Structure: réfère aux connaissances du lecteur sur la structure des textes (ex. pour un texte sur l’histoire de la colonisation au Québec, le lecteur peut s’attendre à trouver des informations organisées en séquences ou en épisodes.
- Les prédictions sont fondées sur la connaissance du lecteur sur les structures de textes informatifs à l’aide des indices (en-tête, titre, introduction, transitions, tableaux, schémas, etc.).
Les avantages
En général, les prédictions ou les hypothèses amènent l’étudiant à :
- traiter l’information au fur et à mesure;
- retenir l’information plus facilement;
- rappeler l’information en mémoire (connaissances antérieures)
- se préparer à poser des questions;
- construire le sens
- développer sa pensée synthétique;
- améliorer la compréhension et devenir plus actif durant les lectures.
Questions à vous poser :
- À partir d’un tel titre, selon vous, de quoi le texte traite-t-il?
- Quelles questions vous viennent à l’esprit lorsque vous lisez tel titre?
- Quelles idées vous viennent à l’esprit lorsque vous lisez tel titre?
Pour amorcer votre démarche
Utilisez le titre comme indice de prédiction :
- Rédigez quelques sous-thèmes qui seront traités dans le texte, selon vous.
- Lisez ensuite le texte afin de voir si vos prédictions sont justes.
S’autoquestionner
Il arrive souvent aux étudiants de lire un texte et de ne pas être en mesure d’identifier ce qu’ils en retiennent. L’une des raisons peut être attribuée au manque de participation active à son propre apprentissage. Le recours à l’autoquestionnement peut contribuer à diriger l’attention du lecteur vers un contenu spécifique.
Il s’agit de se poser des questions avant de commencer à lire le texte afin de trouver des réponses en cours de lecture. En d’autres termes, le lecteur transforme les éléments d’information (par exemple, le titre et les sous-titres) à traiter en questions, qui sont alors utilisées comme raisons de lire un texte (Schmitt, 2005).
Voici des exemples de titres de textes ou de chapitres qui ont été changés en question :
Titre : Les principes fondamentaux de la communication
Question : Quels sont les principes de la communication?
Titre : Le développement cognitif selon Piaget
Question : Qu’est-ce que le développement cognitif selon Piaget? Qui est Piaget?
Titre : Les fondements de la gestion moderne
Question : Quels sont les fondements de la gestion moderne ?
Vous pouvez également répondre aux questions suivantes lorsque vous abordez un texte :
Qui?
Qui est l’auteur de ce texte? À qui le texte est-il destiné? Qui a inventé telle ou telle théorie?
Quoi?
Quel est le sujet ou le thème abordé? Quels sont les sous-thèmes?
Où?
Dans quel contexte ce texte a-t-il été écrit? Dans quel contexte puis-je utiliser les connaissances et les concepts présentés dans le texte?
Quand?
En quelle année ce texte a-t-il été écrit? Est-il pertinent dans le contexte actuel?
Comment?
Comment le contenu est-il organisé? Est-ce que certaines sections et sous-sections peuvent être identifiées à l’aide d’une question qui vous permettra de prendre connaissance de son contenu?
Pourquoi?
Quel est le but de l’auteur? Quel est votre but en lisant ce texte?
Les avantages
En général, l’autoquestionnement amène le lecteur à être actif dans son apprentissage (Barbeau et al., 1997), en l’aidant à concentrer son attention et ainsi sélectionner ce qui est pertinent.
En générant des questions et des réponses, le lecteur peut préciser davantage son intention de lecture, cherchant à trouver des réponses à ses questions (Schmitt, 2005). Cette méthode peut s’avérer utile lorsque le lecteur doit lire des textes en lien avec des thèmes nouveaux ou si les textes sont complexes.
Exercice
À l’aide d’un texte que vous avez choisi, transformez un titre en question.
Pour amorcer votre démarche
Avant la lecture, posez-vous des questions à partir des titres et des sous-titres (les formuler en question lorsque c’est possible). Référez-vous chaque fois à cette technique lorsqu’un survol rapide de la matière est nécessaire.
Toute information répond à une question. Vous devez vous habituer à transformer en questions l’information que vous devez traiter.
Mise en garde :
Le succès de ces stratégies ou de ces actions dépend de votre sérieux et de votre persévérance. Vous pouvez vous associer avec des collègues qui veulent étudier et réviser sérieusement la matière.
L’utilisation de l’autoquestionnement dépend de votre habileté à fabriquer des questions pertinentes qui font le tour de la matière.
Pour commencer, vous devriez utiliser des contenus avec lesquels vous vous sentez à l’aise.
Cette méthode ne s’applique pas à toutes les matières; à vous de juger de la pertinence.